Charançon rouge du palmier : menaces et solutions

Contrairement aux moustiques et puces, le charançon ne s’en prend pas aux humains ni aux animaux, mais il est capable de mettre à mal une récolte entière en cas d’infestation. La charançon est donc un indésirable pour les agriculteurs, jardiniers…. et les particuliers qui voient leurs placards investis !

Le terme charançon désigne un coléoptère Curculionidae (l’une des plus vastes familles du règne des insectes) de type ravageur.

Découvrez dans ce guide tout ce que vous devez savoir pour lutter contre le charançon rouge du palmier, les solutions naturelles et chimiques, les idées pour protéger vos arbres, etc.

photo charançon

À quoi ressemble un charançon ?

Il existerait entre 50 000 et 200 000 espèces différentes de charançons dans le monde.

L’insecte charançon ressemble à un petit scarabée (4 mm) avec 3 paires de pattes attachées au thorax, lui-même recouvert d’une paire d’élytres qui forment une coque protectrice.

Le charançon a bien une paire d’ailes membraneuses, mais qui lui sont parfaitement inutiles puisqu’il n’y a pas de charançon volant. Il a un dos plat.

Il possède une tête allongée et une trompe (rostre) très caractéristique. Sa couleur selon le stade et sa sous-espèce va de jaunâtre à brun.

Il existe de nombreuses espèces de charançons (charançon de l’olivier, charançon du blé, charançon du bois, charançon du palmier, charançon du chou, charançon du hêtre, etc.). Le charançon du blé et les charançons du riz sont ceux que l'on trouve dans nos placards. Le charançon rouge se retrouve dans les jardins.

Il s’en prend à diverses espèces végétales dont il ravage les cultures : légumes, arbres fruitiers, ornementaux, vigne…

Le charançon est un insecte phytophage, c'est-à-dire qu'il se nourrit quasi exclusivement de plantes : pollens, nectars, grains, bourgeons et feuilles. Il creuse en profondeur dans les graines, les plantes ou le bois et s’il ne consomme pas totalement la plante, il l’affaiblit considérablement et l’expose ainsi aux maladies. 

Le végétal est alors ruiné (et même pas bon pour le compost !) et si c’est un arbre ou une vigne, les dégâts économiques (et paysagers) peuvent être considérables.

On retrouve les charançons également dans nos placards de cuisine et garde-manger où ils sont avides de céréales et de produits céréaliers (farine, biscuits…). Les charançons sont notamment attirés par les réserves de pâtes, de riz, de légumes secs, de pois chiches, de noisettes... Ils y pondent leurs oeufs.

Pourquoi le charançon est dangereux ?

Le danger des charançons ne vient pas d'un risque pour la santé humaine ou animale : ils ne piquent pas et ne mordent pas. Ils représentent néanmoins un risque pour les cultures.

Une fois présents, les charançons  deviennent rapidement invasifs si rien n’est fait pour les arrêter et enrayer leur installation.

Cela tient principalement de leur système de reproduction : les femelles charançons pondent un œuf à l’intérieur d’une céréale, d’un grain de riz ou d’un arbre par exemple, et la larve de charançon se développe et grossit en se nourrissant de ce « logement ».

La lymphe « tombe » alors du végétal et s’enterre dans le sol pour y muer. Elle n’en sortira qu’une fois adulte, pour ravager et pondre à son tour.

Ce choix de lieu de ponte fait que les œufs de charançon sont impossibles à repérer.

Si vous ramenez de l'extérieur un paquet de farine contaminé, il est impossible de s'en rendre compte. Lorsque les adultes en sortent, il ne reste alors aucune autre solution que de sacrifier l’intégralité du paquet de nourriture et le jeter (dans un sac fermé et hermétique pour éviter qu’ils ne s’échappent et recommencent ailleurs).

Si c’est une culture ou un arbre que les charançons ont investi, on ne pourra pas le traiter localement, il faudra opter pour un traitement global, le plus tôt possible.

Est-il dangereux de manger des charançons ?

Les larves de charançons sont comestibles et absolument sans danger à ingérer. Néanmoins, des réactions allergiques peuvent survenir suite à l'ingestion des déjections des charançons, lorsqu'elles ont moisi.

Pourquoi le charançon rouge des palmiers est si nuisible ?

Les arbres ornementaux en France, en particulier les palmiers, sont victimes de plusieurs infestations de nuisibles.


L’un d’entre eux est le charançon rouge du palmier (Rhynchophorus ferrugineus), une espèce asiatique qui a fait une percée fulgurante depuis 2006 et investi toute la zone méditerranéenne, menaçant nos plus beaux arbres palmés ou dattiers dans le sud. 

À l’heure actuelle on considère que le charançon rouge du palmier est encore plus dangereux que le papillon du palmier. Sa progression géographique est telle qu’il est devenu difficile d’endiguer le phénomène : les charançons se déplacent d’un palmier à l’autre et gagnent rapidement tout le voisinage.

Le charançon rouge du palmier est plus grand que les charançons « domestiques ». Il mesure environ 3 cm et ses larves (reconnaissables par leur capsule céphalique) ont une couleur rouge caractéristique. Le « dos » des adultes est également rouge.

Une fois que le charançon élit domicile dans un palmier, il ne lui faut guère plus de 2 ans pour tuer son hôte.


La femelle pond ses œufs dans le tronc ou dans les palmes. Les larves se transforment en nymphe dans un cocon et deviennent adultes au bout de 2 semaines.


La larve creuse des galeries dans les racines dévaste les jeunes plants et le charançon adulte en dévore les parties aériennes.


Les dégâts sont visibles à l’extérieur, mais surtout conséquents sous la surface du sol au niveau des racines et du cœur. L’arbre se dessèche et meurt « de l’intérieur ». Les palmes tombent. Il ne reste plus qu’à le couper.

On peut retrouver des palmiers avec jusqu’à 1 millier de charançons y ayant élu domicile.

Pour venir à bout du charançon rouge du palmier, en particulier dans les palmeraies où on ne peut pas laisser la menace grossir, on injecte un insecticide à base de benzoate d’emamectine une fois par an.


En lutte biologique, le traitement charançon recourt à des nématodes (petits vers) que l’on pulvérise sur les arbres et qui vont parasiter les larves de charançon. Cette technique a montré des résultats encourageants.

Plus d'espoir en Méditerranée


Malheureusement, fin 2018, l’Agence Nationale de Sécurité Alimentaire, de l’Environnement et du Travail a fait le constat que la lutte contre le charançon du palmier dans la zone méditerranéenne était devenue « quasi impossible » en raison d’un coût trop élevé.

La plupart des municipalités ont bien mis en ouvre un plan de lutte, mais les particuliers ne l’ont pas fait chez eux, refusant de payer pour le traitement ou l’abattage de leurs palmiers contaminés. L’invasion a donc continué.

La seule chose qui reste à faire sur la Côte d’Azur est donc de contenir les charançons et de mettre en route un plan d’urgence de sauvetage des palmiers sur le reste du territoire français.

Par ailleurs, le charançon mange tout ce qui est sucré, même fermenté : les entomologistes craignent que le charançon palmier modifie son comportement et s’attaque à nos vergers, potagers, marchés de primeurs…

La menace du charançon noir

Le charançon de l’Agave (Scyphophorus acupunctatus), ou « charançon noir », originaire d’Amérique Centrale, a quant à lui fait son apparition en France en 2008 et se propage rapidement dans de nombreuses zones méridionales.

Ce charançon ravage à son tour les succulentes de type agaves, yuccas, etc.

Il a déjà fait des dégâts importants en Amérique du Sud et inquiète les scientifiques européens.

Puis à son tour, c’est le charançon de la tige du colza qui inquiète, en raison de sa forte nuisibilité sur les champs de colza au printemps. Il apprécie particulièrement les températures douces, et nous en avons de plus en plus…

La ponte de ses œufs dans la tige provoque l’éclatement des tiges qui ne peuvent plus puiser leurs nutriments et les pertes en rendement sont considérables.

Le charançon est donc bien un risque phytosanitaire à surveiller de plus en plus, en corrélation avec le réchauffement climatique et les flux de marchandises. Le BSV (bulletin de santé du végétal)  décrit la situation et son évolution toutes les semaines...

Le charançon de la maison est-il dangereux pour la santé ?

Non, le charançon du riz dangereux est un mythe. Il n’est pas plus dangereux que le charançon du blé (faussement appelé charançon de la farine). Pas plus dangereux que les acariens en général.

Les seuls risques sanitaires pour les êtres humains sont des réactions allergiques asthmatiques aux déjections de charançon du blé et encore faut-il être largement et quotidiennement exposés à celles-ci.

Les professionnels qui manipulent fréquemment du blé (ou du riz) peuvent parfois contracter des malaises de type asthmatique, rhinites ou conjonctivites, en raison des allergènes potentiels, de l’empoussiérage important, des fermentations et des germes microbiens dans les déjections de charançons.

Le charançon du blé (Sitophilus granarius) peut également entraîner des manifestations allergiques ou des troubles d’hypersensibilité retardée en milieu agricole exposé (meuniers, manutentionnaires des silos à grains…).

Mais rien à craindre pour la santé au quotidien. Le charançon n’est pas non plus porteur de maladies.

Comment savoir si on a des charançons ?

Si les œufs de charançon sont invisibles, on repérera leur présence d’une part par les allées et venues du charançon adulte, et d’autre part par l’enveloppe de mue que laisse le charançon éclot derrière lui, et qui contient ses excréments.

Ceux-ci s’en prennent à toute la nourriture sèche et sucrée que nous stockons.

Enfin les charançons exotiques menacent le paysage et l’agriculture, en revanche on est plus habitués aux charançons que l’on retrouve, depuis toujours, dans nos placards, affairés à attaquer nos réserves alimentaires : les charançons du blé et les charançons du riz.

Comment se débarrasser des charançons de cuisine

L’absence de danger pour notre santé ne signifie pas que l’on trouve agréable de voir ses petits coléoptères dans nos réserves alimentaires.

Débusquez

Si vous avez un doute sur la présence de charançons dans votre paquet de farine par exemple, versez-la dans un bocal transparent avec un couvercle.

Remuez énergiquement. Les secousses ne manqueront pas de faire remonter les charançons qui se demanderont bien ce qui leur arrive ! Vous pouvez alors les retirer à la main.

Surveillez particulièrement vos graines pour oiseaux : il n’est pas rare qu’elles en contiennent.

Protégez

Par la suite, enfermez vos denrées (farines, céréales, légumes secs, noix, etc.) dans des boîtes hermétiques. Ils seront capables de pénétrer n’importe quelle autre boîte offrant le moindre accès.

Placez une gousse d’ail ou une feuille de laurier à l’intérieur de chaque boîte.

Nettoyez

Ensuite, passez l’aspirateur dans votre placard en insistant bien dans tous les coins et aux alentours du placard, sur les plinthes et le plancher.

Nettoyez vos étagères avec du savon noir pour éliminer les larves et les œufs collés.

Tuer les charançons

Tout ce qui est contaminé peut être jeté. Néanmoins, si vous ne voulez pas jeter vos aliments, on peut tuer les charançons par le chaud ou le froid.

Vous pouvez opter pour une extermination du charançon thermique : placez vos paquets de céréales ou riz au congélateur pendant 3 jours. Le froid stoppe leur développement. Retirez ensuite les charançons et rangez vos aliments dans des contenants hermétiques.

À l’inverse, s’il s’agit de pâtes ou de pois chiches par exemple, faites-les cuire ! Cela tuera les charançons qui finiront par flotter et vous pourrez le retirer à l’aide d’une écumoire. Vous ne risquez rien ! Ce n’est ni sale ni impropre à la consommation.

N’utilisez jamais d’insecticides chimiques au contact de denrées alimentaires : ils sont toxiques et vous risqueriez de vous empoisonner.

Faites appel à un professionnel si vous n'arrivez pas à vous débarrassez des charançons et que la solution chimique insecticide est le seul recours.

Comment éviter une invasion de charançons ?

Pour ne pas avoir d'invasion de charançon veuillez respecter ces consignes :

  • Videz et nettoyez régulièrement (tous les deux mois environ) tous vos placards de denrées alimentaires en passant l'aspirateur sur toutes les étagères.
  • Ne laissez pas traîner de miettes dans vos placards.
  • Choisissez des placards fermés.
  • Ne laissez pas des sachets en vrac ou troués et utilisez des contenants hermétiques pour vos aliments secs.
  • Stockez vos aliments accompagnés de branches de laurier, de romarin, de gousses d'ail, de poivre noir ou de clous de girofle. Ils agissent comme des répulsifs sur les charançons.
  • Prenez l'habitude de ne pas stocker trop longtemps vos denrées (farine, lentilles, etc.) et consommez-les rapidement.

Comment lutter contre les charançons dans les cultures ?

Si ce sont vos palmiers, arbres ou plantes qui sont concernés :

  • De la glu arboricole sur le tronc à sa base empêchera les adultes de monter dans l'arbre
  • Commencez par éliminer à la main les charançons adultes. Secouez la plante à la main pour en faire sortir les insectes.
  • Pulvérisez des nématodes spécifiques contre le charançon rouge du palmier.
  • Plantez à proximité des iris des jardins : leur odeur de soufre et d’allicine repousse les charançons.
  • Les plantes comme le romarin et le laurier sont de bons répulsifs également.
  • Les charançons détestent être dérangés : désherbez, binez, arrosez souvent vos plantations.
  • Protégez les blessures de vos plantes et arbres avec du mastic cicatriciel.
  • Si la plante ou l’arbuste sont attaqués au-delà de tout espoir de traitement : coupez et brûlez-les.
  • En cas de nécessité, contactez un professionnel pour un traitement insecticide à base de pyrèthre.